Avant qu’ils ne deviennent des fêtes organisées, profitables, légales et commanditées par des marques de boissons énergisantes, les premiers raves se réclamaient d’un mouvement remettant en question les principes de propriétés privées et l’utilisation des espaces publics. Leur organisation souterraine par distribution de tracts fut rapidement comprise par les autorités qui tentèrent d’y mettre fin. Les moyens utilisés par les organisateurs de raves se raffinant, la police en vint à demander des lois visant à interdire les raves et à rendre passibles de poursuites judiciaires les organisateurs. Ce fut fait dans certains pays comme en G.-B. et aux É.-U..1 Cette loi antirave fut plus tard utilisée pour limiter le droit de protester durant la bataille de Seattle contre la réunion de l’OMC en 1999.2
Cet extrait est tiré d’un travail sur les groupes d’intérêt américains et leurs tactiques. PDF |
Les tactiques des « ravers » utilisant de nouveaux moyens de mobilisation underground furent par la suite utilisées par des groupes d’artistes qui les transformèrent en FlashMob : des mobilisations éphémères dans des lieux publics à des fins artistiques ou ludiques.3
Des FlashMob émergèrent les SmartMob, des mobilisations rapides dans un but politique.4 Un SmartMob se coordonne en utilisant des réseaux sociaux et des appareils mobiles. La force du SmartMob réside dans son élément de surprise. Contrairement à des mobilisations de plus grande ampleur, les autorités ne sont pas prévenues et la durée de l’opération permet rarement à ces dernières de réagir. Ce concept de mobilisation novateur fut souligné par le New-Yort Times dans son numéro « Year in Ideas ».5
Exemple d’un SmartMob
Durant l’été 2010, un don de 150,000 $ de l’entreprise de commerce au détail « Target » à un candidat républicain du Minnesota reconnu pour ses positions hostiles aux droits des gais et lesbiennes irrita une partie de la population de cet état.6
Le groupe s’organisa à l’aide du site MoveOn, fit circuler une pétition contre « Target » et organisa un SmartMob dans un de ses magasins. Comme on peut le voir dans le vidéo publié sur Youtube (http://www.youtube.com/watch?v=9FhMMmqzbD8) les manifestants sont entrés à tour de rôle comme de simples clients et se sont mis à se promener individuellement dans les rayons. Au moment choisi, près des caisses enregistreuses, une femme entama une chanson critiquant le financement de « Target ». Dès la fin du premier couplet, une douzaine de « faux clients » se joignirent à elle pendant que la fanfare improvisée faisait son entrée dans le magasin. Le tout dure moins de 5 minutes.
Et après? Une manifestation improvisée de 5 minutes peut-elle vraiment avoir un quelconque impact si aucun journaliste et aucune caméra ne s’y trouvent pour témoigner de l’événement? On a vu plus tôt comment le partage et la sélection de nouvelles sont devenus déterminants dans la consultation des actualités. Dans ce nouveau modèle, l’impact des médias traditionnels est encore important, mais il n’est pas essentiel comme auparavant pour avoir un impact médiatique.
Le vidéo du SmartMob qui compte aujourd’hui plus de 1,3 million de spectateurs reçut suffisamment d’attention pour être mentionné dans quelques journaux en ligne et hors-ligne et obligea l’entreprise à s’expliquer publiquement. Pas mal pour une action de 5 minutes menée par une douzaine de personnes!
1Mitchell, D. 2003. The right to the city. New York, NY: The Guildford Press.
2Mitchell, Don. The Right to the City: Social Justice and the Fight for Public Space. New-York: The Guilford Press, 2003. p93
3Id. p94
4« Social Media Guide for Flash Mobs | Case Foundation. » http://www.casefoundation.org/blog/learn-lingo-f-flash-mobs-mobilizing-your-mob.
5Thompson, Clive. « The Year in Ideas: Smart Mobs. » New York Times, Décembre 15, 2002, New York Times edition.
6Linkins, Jason. « Tom Emmer, Anti-Gay Pol, Gets Donations From Target, Stirring Up Controversy. » Huffington Post, 28 août, 2010. http://www.huffingtonpost.com/2010/07/28/tom-emmer-anti-gay-pol-ge_n_662535.html.