Comment minimiser l’importance d’un rassemblement souverainiste

Contre_Invalidation_10416 novembre 2009, un rassemblement contre l’invalidation de la Loi 104 a lieu au Musée Juste pour rire. La salle est comble, les balcons débordent, personne n’est encore allé au micro, mais c’est déjà un succès : la famille souverainiste élargie est là presque au complet. On aura droit à quelques excellents discours et en bonus une prestation de Daniel Boucher. Belle soirée, merci aux organisateurs.

Par contre, comme opération de relation publique, ça aurait pu être mieux. « On se mobilise pour que le gouvernement Charest bouge rapidement », nous informe Mario Beaulieu. La première étape d’une mobilisation est l’information. Une fois informée, l’opinion publique, favorable ou pas, déterminera le niveau de pression mise sur le gouvernement. Si la pression est assez forte, le gouvernement peut bouger dans le sens de l’opinion publique. On l’a vu dans le cas du Suroit et du Mont-Orford. Alors, a-t-on fait le maximum pour informer le grand public et le mobiliser contre ce jugement ? Loin de là.

On dit que plusieurs des grands médias sont fédéralistes et que, par conséquent, ils auraient tendance à minimiser l’importance des évènements organisés par des souverainistes. Possible, mais comme Le Devoir n’est pas prêt d’acheter Gesca et que l’unité canadienne est toujours l’un des mandats de Radio-Canada, il va falloir apprendre à faire avec et à mobiliser l’opinion publique autrement. C’est une chance : cet « autrement » existe. Il s’appelle l’Internet. Combiné avec des actions de terrains, ils s’avèrent être un outil de mobilisation très puissant. Les groupes souverainistes s’en ont-ils servis pour cette campagne contre l’invalidation de la Loi 104 ? Allons voir.

Qu’obtenait un internaute le lendemain de l’évènement s’il tapait les mots clés « loi 104 » sur Google ? L’informe-t-on que cet évènement a eu lieu ? Est-ce que parmi les premiers résultats on le dirige vers un des sites de la coalition afin de mieux l’informer et de le mobiliser ? Pas du tout. Dans la première page de résultats, la seule mention dans l’actualité relatant la tenue de cet évènement provient de La Presse Canadienne ! S’il faut compter sur La Presse Canadienne pour nous aider à mobiliser le Québec pour la sauvegarde du français, on est mal parti !

Pire, toujours dans la première page de résultats, Google ne trouve aucun des organismes ayant participer au rassemblement. Surpris, j’entreprends de visiter chacun des sites web de ces organismes. Croyez-le ou non, de la douzaine d’organismes venus nous expliquer combien l’heure est grave pour le français, seulement 2 ont cru bon de parler de l’évènement sur leur site web le lendemain ! Comme tous les autres n’ont même pas jugé bon de faire des liens vers les deux seuls sites ayant écrit à ce sujet, ils sont tous passés incognito aux yeux de Google. Ils ont été également ignorés par Google parce que plus de la moitié n’annonçaient même pas la tenue de l’événement. Comment peut-on prétendre mobiliser si on fait le silence sur nos propres activités ?

Le web est rempli d’histoires d’activistes qui ont su utiliser les nouveaux médias pour mobiliser la population et faire avancer leur cause. Pourquoi l’une de ses histoires ne concernerait-elle pas les souverainistes du Québec ?