Les médias traditionnels sont en crise, on le sait. Il parait que c’est la faute à Internet… Mails il y a pire selon le Pew Research Center. Le public aurait perdu confiance! Leur étude révèle que 63% des États-Uniens croient que la couverture de l’actualité par les grands médias est souvent inexacte. Ils sont aussi 60% à ne plus croire à la neutralité des médias sur des sujets politiques. L’indépendance des médias face aux lobbys est aussi rudement mise en cause. Seulement 20% des répondants y croiraient encore.
En plus de montrer un niveau de scepticisme élevé du public à l’endroit de leurs médias, cette étude montre que c’est une tendance de fond présente depuis 20 ans. Il y a 20 ans, Youtube ne volait pas de public à la télé, les blogueurs ne donnaient pas leur contenu gratuitement, Twitter ne volait pas de scoops à CNN et les cellulaires n’étaient pas équipés de caméras vidéos. Toutes ces technologies et ces nouveaux acteurs tenus responsables de la chute des médias traditionnels n’existaient pas. Pourtant, l’actif le plus solide de ces médias, la crédibilité, commençait déjà à se dissoudre. Que s’est-il passé?
Dans les années 80, on entendait parler des dangers de la concentration des médias. C’était en train de produire et quelques-uns s’en inquiétaient. En 90, on a cessé ou presque d’en entendre parler. L’affaire était conclue. Il ne faut pas trop compter sur les grands médias américains pour remettre cette question à l’agenda. L’autocritique n’ira jamais jusque-là.
Quel est le lien entre la concentration des médias et leur perte de crédibilité? Tout dépend dans quelles mains sont concentrées les dits médias. Ces quelques mains dans lesquelles sont concentrés les grands médias sont de grands conglomérats industriels ou des entreprises de divertissements. Par exemple, quand on sait que NBC et Vivendi Universal appartiennent à General Electric et que General Electric est un grand fabricant d’armes, on se questionne naturellement sur la couverture qu’ils feront d’une guerre. Le même parallèle s’applique pour les médias que détient Walt Disney (ABC Television, ESPN). Qu’en est-il de leur neutralité dans leur couverture culturelle?
Plusieurs journalistes oeuvrant dans ces médias vont diront qu’ils ne subissent jamais de pression pour favoriser un produit ou une option politique de leur « maison mère « . C’est vrai la plupart du temps, mais la question n’est pas là. Peu importe le travail d’un journaliste qui couvre le domaine automobile, si je découvre que son média est la propriété de GM, il vient de perdre toute crédibilité. Le journaliste peut continuer de faire un boulot impartial, mais l’association de son média avec un constructeur automobile le rendrait suspect à mes yeux.
La crédibilité d’un média vient entre autres de son indépendance. Cette indépendance, dans le grand mouvement de convergence des médias, s’est perdue. Plus près de nous, lorsque Quebecor, alors propriétaire de TQS, publiait en première page du Journal de Montréal « TQS déménage! », on était en droit de se demander s’il ne se passait vraiment rien d’autre d’intéressant dans le monde cette journée-là ou si, au contraire, la rédaction du Journal de Montréal avait reçu un appel « d’en haut ».
Alors, bien que la crise des médias traditionnels soit précipitée par les changements de plateformes technologiques, la concentration des médias aura probablement nui encore plus à ces derniers en ce qui a trait à la crédibilité que leur accorde leur public.
Et vous, tout médias confondus, auquel faites-vous le plus confiance? Laissez-moi un commentaire.